Dock Rancid — 20h42, heure locale
Le soir où les marchés se sont enflammés.
L’écran fissuré au-dessus du comptoir grésille.
Un flash spécial interrompt une rediffusion de combats illégaux entre mollusques blindés.
— …nouvelle totalement inattendue : des titres disparus depuis plus d'un an refont surface au nom d’une entité inconnue, CorpNZ Refund Vitæ. La réaction des places financières est immédiate. Oraxys Industries vacille, les marchés s’emballent…
Pétoch lève un sourcil.
— Refund quoi ?
À côté de lui, le Prophète des Vapeurs gratte sa barbe en plastique (qu’il change chaque semaine).
— J’le savais.
— Quoi donc ?
— Que ça allait péter. J’l’ai senti dans l’urine. Ce matin, elle formait une spirale.
Double sens antihoraire. C'est rare... Très rare.
Pétoch se redresse un peu, intrigué.
— Tu veux dire… genre un signe ?
— Exactement.
Ils fixent l’écran, où défile le nom étrange : CorpNZ Refund Vitæ.
Pétoch fronce les sourcils.
— J’ai bossé pour eux. Enfin… peut-être. Y’a longtemps. J’crois.
— T’as jamais bossé de ta vie, Pétoch.
— J’te dis que si ! Refund Vitæ… C’était une boîte de pompes funèbres, non ? Ou alors c’était un centre de rééducation pour hyènes mutantes.
Le Prophète hoche lentement la tête.
— Les hyènes. Toujours elles. C’est pas un hasard.
Silence.
Sur l’écran, les analystes paniquent, les courbes explosent, les mots OPA, réattribution de capital, prise de contrôle s’entrechoquent.
Pétoch vide son verre, puis déclare, solennel :
— Ouais. Moi j’dis que c’est le retour des vraies choses.
Le Prophète lève son verre, l’air mystique :
— À l’Anomalie.
Pétoch :
— À l’anis.